Le rire est un comportement expressif relativement stéréotypé qui se caractérise par des mouvements saccadés expiratoires, de phonation inarticulée, mouvements qui ainsi, en première ligne, intéressent la musculature respiratoire intercostale externe, le larynx et, pour la mimique qui l'accompagne, les muscles de la face. Le rire est induit par l'humour (par exemple celui d'une situation comique), le chatouillement ou le rire lui-même. Le rire trouve son contraire émotionnel dans les pleurs, avec lesquels il est d'ailleurs vraisemblablement, du point de vue phylogénétique, étroitement lié. Ce qui explique aussi que les deux manifestations peuvent, dans des conditions extrêmes et également chez le sujet sain, survenir de manière paradoxale, mélangées, voire combinées. De sa propre (auto) observation, Goethe disait : «Le rire et les pleurs sont cousins». Chez le nouveau-né, le premier rire n'apparaît qu'au quatrième ou cinquième mois environ et il est également observé, en tant que comportement inné, chez les enfants sourds-muets et aveugles. Tandis que les voies motrices servant au contrôle volontaire et venant essentiellement du cortex moteur primaire, cheminent dans la branche postérieure et le genou (la face !) de la capsule interne, les voies descendantes, servant à la mimique émotionnelle, de l'aire motrice supplémentaire (AMS), du gyrus cingulaire et d'autres régions prémotrices, se trouvent dans la branche antérieure de la capsule interne, où cheminent également des voies ascendantes, des ganglions de la base à l'AMS. On peut mettre en rapport les perturbations dissociées de l'expression faciale, lors de lésions cérébrales circonscrites, qui sont relativement fréquentes : la paralysie faciale avec dissociation automatico-volontaire par lésions dans l'aire faciale du cortex moteur primaire (connue sous le nom de syndrome de Foix-Chavany-Marie, en cas de lésion bilatérale) et dans la branche postérieure de la capsule interne ; la paralysie faciale émotionnelle (avec dissociation automatico-volontaire inverse) par lésions de l'AMS, de la branche antérieure de la capsule interne ou des ganglions de la base. Sur la base d'expériences sur les animaux et d'observations de patients, on doit déduire que le gyrus cingulaire antérieur sert d'instance maîtresse aux comportements expressifs émotionnels. Jürgens a ainsi pu provoquer des réactions correspondantes par des stimulations cingulaires antérieures chez le singe capucin du genre Saimiri, et chez l'homme des lésions bilatérales de cette zone entraînent un mutisme akinétique, un état aboulique avec une absence d'expressions émotionnelles. Le contrôle inhibiteur des pleurs et du rire provient en première ligne du cortex orbito-frontal, où des lésions extensives peuvent entraîner le rire et les pleurs pathologiques. Participent également au comportement expressif des émotions le domaine mésotemporal (par exemple les amygdales), les ganglions de la base (le striatum ventral), le thalamus dorsomédian et l'hypothalamus, structures qui ont toutes des projections également dans la formation réticulaire et dans la substance grise périaqueducale (SGPA) du mésencéphale. La SGPA fonctionne en tant que centre de coordination pour les comportements expressifs des émotions, là où sont orchestrées la motricité respiratoire, orogutturale et celle de la mimique. Le centre qui est postulé, dit «des pleurs et du rire», localisé dans la partie dorsale du tronc cérébral ponto-mésencéphalique, est sous le contrôle facilitateur de la SGPA et de la formation réticulaire, cette dernière agissant de manière préférentiellement inhibitrice. De l'étude de patients présentant des lésions circonscrites du tronc cérébral, nous savons que les voies de la motricité volontaire et celles de la motricité émotionnelle cheminent de manière séparée jusqu'à ce centre ponto-mésencéphalique et qu'ainsi la mimique, par exemple, peut être perturbée, de manière dissociée, par de petits infarctus du tronc cérébral. Ainsi, des lésions ventrales amènent à des parésies de la motricité volontaire du visage et épargnent, voire renforcent, les comportements expressifs émotionnels, par conséquence la mimique émotionnelle, et peuvent conduire à des états pathologiques de pleurs et rire. Au contraire, des lésions tegmentales dorsales conduisent à des parésies émotionnelles. Le fou rire prodromique, également induit par des lésions du tronc cérébral, survient en tant que résultante d'un phénomène désinhibiteur par interruption du contrôle volontaire.
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